11 juin 2014

Catherine Bokassa


   Inutile de prendre la peine de dessiner une carte pour localiser ce pays, la République centrafricaine porte le nom de sa situation géographique. Inutile également de préciser que Catherine Bokassa tient son nom du militaire qui transforma pendant quelques années ce pays au cœur du continent en Empire centrafricain.
Jean-Bedel Bokassa est évoqué dans le livre En attendant le vote des bêtes sauvages par l'écrivain ivoirien Ahmadou Kourouma en ces termes :
« Le charognard, un dictateur de la forêt centrale de l'Afrique. Totem charognard ou aussi glouton qu'un charognard. L'hyène, un maître en parti unique de l'Afrique orientale. Totem hyène ou aussi sot et criminel qu'une hyène », « Sa langue et ses lèvres piquetaient, elles puaient le miasme de l'anus d'une hyène. »







   En 1977, Bokassa est sacré empereur au cours d'une cérémonie pastiche qui reproduit le couronnement de Napoléon. Il a 56 ans, sa femme Catherine en a 26. Pour lui c'est la réalisation d'un rêve, pour elle, la continuité d'un cauchemar.

   Elle n'a que 15 ans en 1964 quand Jean-Bedel la croise sur le chemin de l'école. Ses soldats la kidnappent et Bokassa la séquestre avant de l'épouser contre son gré. Commence alors la réclusion, une vie de lassitude étroitement surveillée. Elle demande la permission avant chaque sortie, ses employés l'espionnent, le moindre écart nourrit la fureur du mari jaloux . Ils auront sept enfants qui seront eux-mêmes soupçonnés de vouloir profiter des femmes du dictateur. Catherine n'est en effet pas sa première union et huit autres suivront après leur rencontre. Mais c'est elle qui fut choisie pour devenir impératrice.







   Pour les vacances de noël, la famille se rend dans le Val-d’Oise, près de Paris, où Bokassa a fait aménager le château d'Hardricourt. Ici, Catherine est libre de ses mouvements et peut recevoir. Elle est la seule à disposer auprès de Jean-Bedel du statut d'épouse à l’extérieur de son pays et à venir en voyage officiel en France. Elle savoure une situation à l'opposée de celle qu'elle endure dans son pays et profite de l'opulence de l'empire centrafricain. Son budget shopping n'a aucune limite, le luxe français est à son goût et en une journée elle peut dépenser plus de 100 000 francs dans les boutiques du Faubourg-Saint-Honoré, et pas des francs CFA...





   Elle boit de la bière, ce que lui interdit habituellement son mari.






   C'est sans doute pour ce train de vie que la jeune impératrice ne s'enfuit pas.

   Mais fraîchement sacré empereur, Bokassa commence à être victime de l'opinion occidentale qui ne veut plus de ce dictateur sanguinaire. Certaines rumeurs l'accusent même de cannibalisme. Le président français Valéry Giscard-d'Estaing, avec qui il a partagé de nombreuses parties de chasse, convoque Catherine. Il la prévient d'une action prochaine soutenu par l'armée française pour mettre fin au régime de son mari. Elle appelle le dictateur mais celui-ci ne veut rien entendre et choisi d'aller chercher de l'aide auprès de Kadhafi en Libye. Peine perdue, pendant son absence David Dacko prend le pouvoir, l'empire centrafricain redevient république, l'empereur déchu est condamné à l'exil.





   Catherine n'a pas vraiment soutenu son mari pendant sa chute et elle n'est pas partie de Centrafrique sans avoir pris la précaution de remplir quelques malles d'argent et de bijoux. L'ancien dictateur ne cessera de répéter à qui veut l'entendre que sa femme est la maîtresse de Valéry Giscard-d'Estaing. Rumeur qui sera accompagnée d'une célèbre histoire de diamants...



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