24 novembre 2013

Liberia

Il arrive de revenir sur un lieu de notre enfance et de constater qu'il s'est transformé. La maison de nos grand-parents ou parents, la colline qui surplombe, le jardin et la cabane, les terrains de jeux ou encore la boulangerie en face de la fontaine. On fouille dans sa mémoire et on découvre que tel objet ne se trouvait pas là, tel arbre non plus, et qu'un autre a drôlement poussé.
Il y a les maisons abandonnées et les terrains vagues transformés en lotissement, les barrages fraichement érigés sur la rivière et le manoir familial en ruine. Il y a des villages dont il ne reste plus qu'un tas de cailloux.
On trouve en Afrique des sites hors du commun qui après une première vie d'apparence ordonnée et harmonieuse se transforme littéralement. Qu'ils aient été abandonnés ou que la guerre soit passée par là, leurs figures affichent les balafres du temps par l'usure des intempéries et la réappropriation végétale du béton. Les palais abandonnés de dictateurs qui un jour prirent la fuite, le Trône de Bokhasa 1er gisant dépouillé de ses parures sous le stade de Bangui, ou bien la ville entière de Mogadiscio sous les décombres...
La guerre...
Au Liberia, où la guerre a duré plus de 10 ans, il y a un hôtel qui a sombré, un hôtel de luxe qui n'est aujourd'hui plus que l'ombre de lui-même. En cherchant un peu, on trouve les anciennes étiquettes de l'hôtel Ducor, je les ai redessinées, en rouge et en bleu...




Cette histoire vous la trouverez dans des livres d'histoire (bien qu'assez rare en français), ou dans le très bon roman de Russel Banks "American Darling".
Elle est riche en anecdotes parfois sombres et glaciales, et m'a inspiré cette série.



 
   Le Liberia détient la deuxième flotte la plus importante du monde, en terme d'immatriculations. Des bateaux qui pour une grande majorité n'ont jamais approché les côtes du pays. Ce sont les raisons fiscales qui attirent les clients tels que la société saoudiene Saudi Aramco et le groupe minier brésilien Vale. 
...
   Cet été, 25 000 étudiants libériens ont passé les tests pour entrer en première année à l'université de leur pays. Aucun d'entre eux n'a eu le nombre suffisant de points nécessaires. Ils ont tous échoué. Après une si longue période de guerre l'éducation est un vrai défi... Les responsables universitaires ont baissé une première fois le nombre de points minimum requis, cela n'a pas suffit. Il a fallu une troisième grille d'évaluation pour repêcher 1600 candidats qui pourront enfin aller remplir les bancs de l'université du Liberia (une des deux gérées par l’État). 
 ...
   Après un procès de plus de 7 années, Charles Taylor a été condamné en appel à 50 ans de prison. Élu président en 1997 par un peuple meurtri qui n'a d'autre choix pour espérer la paix que de le porter a la présidence, il est célèbre pour avoir dirigé une troupe d'enfants soldats poussés au meurtre, au viol et au cannibalisme mais n'a pas été jugé pour ça. C'est pour son implication dans la guerre civile qui a ravagé la Sierra Leone que le TSSL (Tribunal Spécial pour la Sierra Leone, soutenu par l'ONU) le condamne. Parmis les témoins, Naomi Campbell avait fait une apparition et reconnu avoir reçu des diamants de la part du dictateur déchu. «C’est un jour extrêmement décevant pour nous et nous sommes profondément déçus après ce jugement», a regretté l’avocat de Charles  Taylor, Morris Anyah...




2 commentaires:

  1. Merci pour ce blog, bien riche, j'y ai appris des choses. Cette histoire des étudiants au Libéria me laisse rêveur. Incroyable.
    Amicalement
    Vincent

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  2. Pauvre, pauvre continent africain depuis si longtemps soumis à tant de convoitises. Il reste des peuples sacrifiés mais qui ont su gardé malgré tout , très souvent une part d'humanité. Je vous dois d'en connaitre une infime partie alors merci encore de nous la faire découvrir

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