23 février 2014
16 février 2014
Le ciel vu de l'Afrique
Le 14 mai 2009, le
président de l'OugandaYoweri Museveni déclarait :
“Les Américains
sont allés sur la Lune, les Russes aussi. Les Chinois et les Indiens
iront bientôt. Les Africains sont les seuls à être coincés ici.
Nous aussi devons y aller”.
En 2015, Mandla Maseko
devrait être le premier africain noir à aller dans l'espace. Cet
habitant d'un township près de Pretoria en Afrique du Sud a
remporté un concours organisé par une société privée américaine.
Le jeune homme âgé de 25 ans a gagné le droit de participer à un
vol qui le propulsera à 103 km d'altitude. Une hauteur d'où l'on
peut voir la terre et expérimenter l'absence de pesanteur. Il a
apprit l'heureuse nouvelle le 5 décembre dernier, quelques heures
seulement après le décès de Nelson Mandela.
"C'est comme si
Mandela m'avait dit: « j'ai fait ma course jusqu'au bout,
maintenant voici la torche, continue à courir, va et deviens le
premier Sud-africain noir dans l'espace »", a-t-il confié à
l'AFP.
En 1976, le maréchal
Mobutu, président du Zaïre (actuel RDC), signa un protocole avec la
société allemande OTRAG afin de créer une base de développement
et de lancement de fusées et de satellites dans la province de Shaba
(actuel Katanga). Le premier essai eut lieu en 1977 avec le lancement
d'une petite fusée à 20 km d'altitude. L'année suivante, un nouvel
engin atteignait 30 km d'altitude mais le troisième lancement
projeta la fusée dans le décor juste après le décollage devant
les yeux du président Mobutu. Ce fut le dernier tir de la société
au Zaïre qui déplaça ses activités en Libye. Dans ce contexte de Guerre froide, les Russes ne voyaient pas d'un bon œil ces
expériences dans le bastion africain de l'impérialisme et firent
pression sur Kinshasa. Ce fut ensuite au tour des États-Unis de ne
pas se ravir de la présence de la société en Libye et l'OTRAG
arrêta son activité en 1987.
Aujourd'hui, différents
pays africains ouvrent des observatoires et des centres de recherche
et de développement spatiaux.
Si l'Afrique du Sud reste
pionnière dans le domaine, le Nigeria et l’Égypte ont déjà
placé quatre satellites en orbite, l'Algérie deux, et l'Angola
s’apprête à construire son premier satellite de communication.
Mais si l'Afrique commence
à poser ses repères dans l'espace, elle en reçoit aussi les
déchets. C'est ainsi qu'en juillet dernier trois débris spatiaux
sont venus s'écraser au Zimbabwe. Il s'agissait de fragments d'une
fusée américaine envoyée dans l'espace en 1975.
30 janvier 2014
Kenya, Wangari Maathai
Le monde du futur sera
peut-être un havre de paix pour les humains et toutes les formes de
vie qui les entourent. La température du globe sera idéale, le nombre
d’espèces animales en danger d'extinction cessera de croître et la quantité autant que la variété d'arbres grandira au point de faire de la terre un grand
poumon sain et vivifiant. Les hommes vivront en paix et la guerre ne
sera plus qu'un vague souvenir cauchemardesque d'une époque plus ou
moins lointaine.
Ce qui sépare les temps
actuels d'une telle ère, à mon avis, est un miracle. Viendra-t-il
d'une prise de conscience collective ou d'une dictature de militaires
inspirée et influente ? Viendra-t-il à la dernière minute
où l'homme acculé sera contraint d'agir pour éviter l'heure
dernière ? A-t-on raison de croire qu'il viendra?
On peut légitimement se
demander si le miracle ne sera pas le produit d'une sensibilité
féminine.
C'est en tous cas
ce que l'on peut déjà souhaiter au peuple centrafricain après l’élection
par le conseil national de transition de Catherine Samba-Panza à la
tête du pays. Par ailleurs, au Liberia, l'espoir est né après 14
ans de guerre civile avec l'arrivée au pouvoir d'Ellen Johnson
Sirleaf, première présidente d'Afrique, prix Nobel de la paix en
2011. Si c'est la première femme africaine à atteindre le poste
de présidente sur le continent, ce n'est pas la première à
recevoir cette distinction et le Kenya aussi a son héroïne :
Dans son livre Celle
qui plante les arbres Wangari Muta Maathai raconte son parcours
et une partie de l'histoire de son pays. Elle est la fondatrice du
mouvement de la ceinture verte, Green Belt Movement (GBM), une
organisation environnementale conçue au départ pour venir en aide
aux femmes rurales du Kenya. Aujourd'hui les activités du GBM sont
internationales. Elles visent à réduire la pauvreté par
l'éducation des communautés et la préservation de l’environnement.
Le titre original de cet
ouvrage, Unbowed ("insoumis"), est peut-être plus juste
car Wangari est une militante acharnée. Véritable défenseur des
droits humains, ses luttes contre toute forme de pouvoirs
tyranniques l'ont conduite plusieurs fois en prison. Mais les
intimidations n'ont jamais muselé sa ferveur. Ses convictions et son
engagement lui ont valu le prix Nobel de la paix en 2004.
Dans son combat pour la
protection de l'environnement, elle a réussi à contrecarrer un projet
visant à construire ce qui devait être la plus haute tour d'Afrique
au centre de Nairobi. L'édifice, qui ressemblait moins à une
infrastructure publique utile qu'à une œuvre pharaonique visant à
caresser l’ego du président Daniel Arap Moi, devait empiéter sur
le plus grand espace vert de la ville, le Parc Uhuru.
Uhuru en swahili
signifie "liberté". C'est aussi le nom du président actuel du Kenya,
Uhuru Kenyatta, ainsi que le nom du point culminant de l'Afrique, le Uhuru
peak au sommet du Kilimandjaro.
Le nom de Kenya vient de
la montagne la plus élevée du pays.
D’après Wangari
Maathai, deux missionnaires allemands qui furent les premiers
européens à le voir demandèrent le nom du massif à leur
guide. Celui-ci, convaincu que les étrangers parlaient de la
calebasse qu'il portait à la taille, répondit kiinyaa. Le
malentendu persista et les Anglais donnèrent ce nom à la montagne
puis au pays.
Certains affirment que Kiinya
en Kamba signifie "montagne de l'autruche" et que c'est
de là que le massif tire son nom. Personnellement je préfère la
version de Wangari.
L'image la plus classique
du Kenya, l’icône touristique du pays, est représentée par un
animal sauvage qui broute dans la savane, surplombé par le
Kilimandjaro enneigé. Pourtant la montagne se trouve dans le pays
voisin, en Tanzanie. Cependant le Kenya possède un grand parc
naturel à son pied (Amboseli National Park) tout près
de la frontière. Le privilège d'observer cette image n'est pas
forcément donné à tous les visiteurs du parc car le Kilimandjaro
produit des nuages épais et n'est pas si souvent visible !
Wangari Maathai a divorcé
en 1979. Lors du procès qui donna raison à son mari, celui-ci déclara que sa femme avait trop de caractère, qu'il ne pouvait pas
la contrôler à sa guise.
Elle a continué à se battre pour la défense de l’environnement et des droits citoyens jusqu'à sa mort en 2011.
Elle a continué à se battre pour la défense de l’environnement et des droits citoyens jusqu'à sa mort en 2011.
14 janvier 2014
6 janvier 2014
Ouidah, Bénin
Sur la place Chacha du
centre ville de Ouidah, un grand figuier témoignerait volontiers de
ce qu'il a vu durant les derniers siècles, mais il ne parle pas.
Parfois à son pied est posée une pancarte sur laquelle on peut
lire : « Ici la place du plus grand malentendu, de la plus
grosse erreur humaine ».
Quatre kilomètres plus
loin, au bout d'une piste de poudre rouge, les vagues caressent une
plage tranquille du golfe de Guinée.
Sous ce grand arbre, Français,
Anglais, Portugais et autres venaient échanger, contre des
marchandises de pacotille, des hommes privés de leur liberté, amenés de force des quatre coins du pays. La place doit son nom à don Francisco Félix de Souza. Né au Brésil de mère esclave et de
père portugais, il arrive en Afrique de l'Ouest à la fin du XVIIIe siècle et devient, malgré ses origines maternelles, un des plus grands
trafiquants d'esclaves de son époque. Il aide le roi Ghézo à
prendre le trône du Dahomey et accède ainsi au rang de
vice-roi de Ouidah sous le nom de Chacha Ier. Werner Herzog s'en est inspiré pour son
excellent film Cobra Verde (lequel est d'ailleurs une adaptation du
livre Le Vice-roi de Ouidah de Bruce Chatwin).
Il a eu officiellement 63 enfants. On compte donc des de Souza en grand nombre au Bénin
et au Togo. Malgré son passé négrier, sa descendance cultive le
souvenir du premier Chacha. Une réunion de famille se tient tous les ans
à Ouidah.
Sur son Facebook
posthume, on peut lire :
«... Francisco de Souza
[…] aida à la déportation des milliers d'esclaves qu'il sauva de
la domination criminelle des rois africains... »
Inspirés d'images et de
descriptions rares, les croquis suivants n'ont pas pour vocation
d'être fidèles à la réalité.
Sur la piste qui mène de
la place des enchères à la plage d'où près d'un million d'êtres
humains ont été déportés se trouvait un autre arbre : l'arbre de
l'oubli. Celui-ci a disparu, un monument le remplace sur lequel se
dresse une sirène qui représente Mami Wata, une divinité vodoun
(ou vaudou).
Le Bénin est le berceau
de la religion vodoun. Les esclaves la diffusèrent de l'autre
coté de l'Atlantique où elle prit différentes formes se mêlant
avec d'autres religions. Elle est aujourd'hui souvent mal perçue.
Les films hollywoodiens la réduisent en général à l'image d'un sorcier maléfique
qui plante des aiguilles dans une poupée. Pourtant le vodoun
est riche d'un panthéon de plus de 250 divinités et n'a rien à
envier aux autres religions polythéistes. On trouve à Ouidah
toutes sortes de fétiches, une forêt sacrée et divers lieux de culte dont le temple des pythons consacré au dieu-serpent Dangbé.
La fameuse route
qu'empruntaient les esclaves pour rejoindre les navires à
destination de l'Amérique est bordée depuis 1992 de sculptures de
l'artiste Cyprien Tokoudagba qui symbolisent les rois du Dahomey et
différentes figures vodoun.
En novembre dernier, le
premier musée d'art contemporain d'Afrique subsaharienne (Afrique du Sud excepté) a vu le jour à Ouidah. Il a été ouvert par la
Fondation Zinsou qui œuvre à promouvoir et valoriser le patrimoine
artistique africain à travers le monde depuis 2005.
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