À l'ombre d'un acacia,
repu par 20 kilos de viande de buffle, un sphinx à la gueule
largement ouverte baille. Avec sa crinière éclatante et ses yeux
dorés brillants, c'est un soleil qui s’assoupit dans la savane. Le
plus grand carnivore d'Afrique ne laisse personne indifférent ;
dans son milieu certes les mammifères qui sentent sa présence se
dressent prêts à cavaler pour échapper aux griffes impitoyables,
mais les hommes, qu'ils partagent ou non son quotidien, lui prêtent
également une place de choix dans le monde animal et regardent avec
fascination ce roi des animaux, ce félin solaire.
Tantôt serein et
nonchalant, tantôt agressif et sanglant, le lion est un animal
symbolique et mythologique dans toute l'Afrique. Il est utilisé dans
de nombreux proverbes, illustre les contes, fleurit les récits de
prouesses guerrières. Noble pour certains, il n'en est pas moins
vulnérable pour d'autres et sujet aux tracas des souris ou des
éléphants. Néanmoins, son rugissement et sa démarche fière sont
craints à peu près partout où il réside. Si le lion et la lionne
sont vus chez les Bambaras du Mali comme symbole divin d’instruction
et d'enseignement, le lion de Juda en Éthiopie symbolise plutôt la
force conquérante. Cet emblème de la dynastie royale éthiopienne
exhibait fièrement sa tête couronnée sur le drapeau du pays
jusqu'en 1974 à la mort de son dernier empereur Haïlé Sélassié.
Si le lion et sa femelle
sont de grands chasseurs, ils sont également de grands chassés. Les
Massai qui les côtoient sur les grandes plaines Est-africaines sont
régulièrement amenés à défendre leur bétail contre les grands
félins. Ils ne sont pas les seuls à protéger leurs troupeaux, il
fut un temps où dans toute l’Afrique les éleveurs se défendaient
du lion. Ce n'est pas une routine de livrer un duel avec le plus
grand chasseur d'Afrique. Le combat est en général entouré de
rituel, de magie et de sorcellerie et s'inscrira dans les légendes
traditionnelles.
Les africains ont, de
manière générale, des raisons plutôt légitimes d'affronter le
lion alors que les occidentaux chassent cruellement cet animal
mythique par simple loisir. En mars dernier des manifestations ont eu
lieu en Afrique du Sud et un peu partout dans le monde pour protester
contre ce que les anglais qualifient de « chasse en conserve »
(canned hunting). Pour cette traque au pays de Nelson Mandela,
les lions sont élevés en cage, ils sont affamés peu de temps avant
d'être relâchés dans un espace qui leur est totalement étranger
et échappent ainsi très difficilement aux balles des chasseurs.
Plus de la moitié des individus qui se livrent à cette activité
sont des américains, et environ 40 % des européens. Les os de lion
seraient vendus 1000 dollars la carcasse en Asie avant d'être
revendus en fraude sous forme de gâteaux d'os de tigre à 1000
dollars les 100 grammes...
Mais comme dit le célèbre
proverbe : « Tant que les lions n'auront pas leurs propres
historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le
chasseur. »
Si les cibles ne sont pas
les riches chasseurs occidentaux mais d'infortunés africains, les
humains paient également un tribu au lion qui se repaît
occasionnellement de leur chair. En 2004, un jeune lion tanzanien
aurait favorisé dans son régime la viande humaine à celles plus
coriaces du buffle et d'autres ongulés car il souffrait d'un abcès
dentaire contraignant pour la mastication.
Aujourd’hui, la présence
du lion dans une région est le signe de son caractère sauvage et de
son intégrité naturelle. Il est un tracas pour les éleveurs, mais
de part son attrait touristique il est également une manne pour les
pays qui l'abritent. Ainsi, comme pour la plupart des grands
mammifères sauvages, sa préservation et la gestion de son milieu
sont devenues un enjeux économique et emblématique. Espérons que
cette double dimension assurera une certaine prospérité au grand
félin africain.
Très belles illustrations, comme d'habitude, j'aime particulièrement la première, un tableau splendide!
RépondreSupprimerEt puis nouvelle bannière, un blog sous le signe du lion comme une jeune demoiselle que je ne connais pas encore :)
Gé.
Je ne peux que m'associer au commentaires de Géraldine qui a comme toi un petit lion à ses côtés. Belle chronique et pour parrainage pour ta si jolie petite lionne
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