29 mai 2014
21 mai 2014
L'autruche
De part son extrême
chaleur, ses sécheresses et la désertification qu'elle entraîne,
la contrainte climatique du continent africain a généré des modes
de vie d'errance et de migration perpétuelle chez les hommes et
les animaux. Le continent est peuplé de nomades: touaregs du Sahara
voyageurs sempiternelles, gnous et leurs cycles de migration sans
répit, peuple Masaï traînant ses semelles en pneu à travers les
immenses steppes est-africaine; de l'Atlas au Cap, des traces
éphémères de poussières sont creusées par le rythme lent et
agité de la survie qui se déplace.
Dans ce flux collectif,
dans les ornières du grand déplacement africain, on trouve
l'autruche.
Pour se nourrir dans les
milieux semi désertiques ingrats, le plus grand oiseau du monde doit
se déplacer toute la journée à la recherche de l'eau et des
végétaux qui constituent son alimentation. Elle passe la période de nidification là où ces denrées sont abondantes, mais le reste du temps elle parcourt de 10 à 40 kilomètres entre le lever et le coucher du soleil. Outre les végétaux, qu'elle consomme en
abondance, elle se rassasie éventuellement d'insectes, de petits
mammifères, de reptiles, de tortues et d'oisillons. En fait, elle est capable d'ingurgiter à peu près tout et n'importe quoi et avale
d'ailleurs l'équivalent de plusieurs poignées de graviers et
cailloux par jour pour l'assister dans sa digestion. Elle peut par
ailleurs se contenter d'eau salée grâce à une glande nasale qui
lui permet d'éliminer l'excédent de sel.
Les plumes et la viande de
l'autruche ont poussé les hommes à en pratiquer l'élevage. Sans
cette mesure l’espèce serait probablement éteinte, laissant un
vide dans la savane. Dans ce milieu dangereux, elle tient pour les
grands herbivores le rôle de sentinelle. Dotée d'une très bonne vue
et d'une grande taille, elle repère les prédateurs et fuit
rapidement entraînant avec elle zèbres, gazelles et autres
gnous. Perchée sur ses grandes pattes, elle est très rapide et
peut courir sur une longue distance à une allure de 50 km/h, voir 70
km/h dans des situations extrêmes.
Les œufs de l'autruche
sont particulièrement gros. De fait, différents rôles symboliques
et pratiques leur sont attribués depuis des millénaires. Les
carthaginois (établis en Tunisie en 814) décoraient les œufs
qu'ils se procuraient grâce au commerce transsaharien avec de l'ocre
rouge avant de les déposer auprès des dépouilles de leurs défunts.
Soigneusement décorés de lanières de cuir, les œufs d'autruche constituent des cadeaux de bienvenue très appréciés en Afrique de l'ouest (Niger/Tchad).
L’œuf et l'autruche sont aussi entourés de toutes sortes de légendes. En Éthiopie par exemple, l’œuf aurait la faculté de protéger de la foudre. Mais si ce n'est dans des descriptions hasardeuses et dans des dessins animés, personne n'a jamais vu une autruche enfoncer sa tête dans le sable...
4 mai 2014
La bière et l'Afrique
Engendrée
dans la poussière par la soif et le désir de l'ivresse sous le
soleil hurlant qui brutalise la terre, simple morceau de pain de
céréale trempé dans l'eau et aromatisé, la bière serait née au
Soudan, dans la région du Nil bleu. Après s'être largement
répandue, elle se boit maintenant de partout en
Afrique. Les ingrédients de la bière artisanale varient tant selon les cultures
agricoles que l'on pourrait en dessiner une carte aussi riche qu'une carte de tribus. Orge,
banane (cf. ici) , millet, sorgho, les céréales, tubercules et fruits
ne manquent pas pour produire cette boisson millénaire. En
général, ces préparations locales contiennent encore des éléments en suspension et
ressemblent à de la bouillie. La bière industrielle européenne est
arrivée à l'époque de la colonisation pour satisfaire les colons
peu sensibles au goût et à l'instabilité de ces recettes
artisanales.
Les
bières seront par la suite produites dans les premières brasseries
locales et au moment des indépendances dans les brasseries nationales.
Aujourd'hui quatre brasseurs dominent largement le continent,
Heineken, Diageo, Castel et SAB Miller. Les deux derniers
représentant à eux seuls plus de 70 % des ventes. En moyenne un
africain ne boit que 10 litres de bière commerciale par an quand un anglais en boit
100 litres. En effet, les bières artisanales connaissent encore largement plus de succès que les bières
industrielles. SAB Miller, le brasseur sud-africain a voulu dans son
offre saisir cette particularité africaine. On trouve dans sa gamme pour tous les goût et toutes les classes de la population:
la "Chibuku" (dont je parle ici), bière traditionnelle au sorgho et au
maïs qui fermente dans une boite en carton et qui est vendue 0,50
dollar la bouteille en Afrique australe (Zambie, Malawi...). À peine
plus chère on trouve la "Eagle" à base de sorgho en Afrique de l'est
(Ouganda, Tanzanie...) avant d'atteindre les bières blondes haut de
gamme qui valent au-delà d'un dollar.
La
consommation de bières en Afrique connaît de fortes disparités.
Elle est notamment plus faible en Afrique du nord ce qui est à
mettre en relation avec l'islam qui interdit l'alcool. Dans certains
pays, il faut avoir affaire à des vendeurs illicites pour se procurer
de la bière. En novembre dernier des responsables islamistes de la
ville de Kano au Nigeria chargés d'appliquer la loi islamique ont
annoncé avoir détruit publiquement 240 000 bouteilles de bière
pour dénoncer des comportement immoraux. Cependant en Tunisie, on
trinque à la santé du lancement de la nouvelle bière nationale, la
Berber.
Les marques de bière sont souvent propre à chaque pays, on trouve la "Béninoise" au Bénin, la "Kuche Kuche" au Malawi, la "Gazelle" au Sénégal ou encore la "Three Horses Beer" à Madagascar.
Les marques de bière sont souvent propre à chaque pays, on trouve la "Béninoise" au Bénin, la "Kuche Kuche" au Malawi, la "Gazelle" au Sénégal ou encore la "Three Horses Beer" à Madagascar.
Les étiquettes (et le nom des bières) sont souvent originales et représentent, en général, un emblème fort du pays. Leur beauté vintage et leur aspect "carte postale" sont un excellente raison pour le voyageur d'en faire la collection.
La
bière est une boisson sociale qui accompagne toutes sortes de cérémonies et de fêtes familiales, autant d'occasions de la brasser sous sa forme traditionnelle. Mais elle est, dans les capitales et les grandes
villes, plutôt consommée sous sa forme industrielle. Pour de nombreux jeunes citadins africains, un des plus grands plaisirs lors d'une chaude journée est de siroter une bière en terrasse alors que l'équipe nationale de football est en train de briller à l'occasion d'un match décisif de la Coupe d'Afrique des Nations.
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