30 septembre 2014
21 septembre 2014
La Gambie
Le 19 avril dernier, la
Gambie fermait sa frontière avec son unique voisin : le
Sénégal. Le plus petit pays d'Afrique continentale ne partage
qu'une seule frontière terrestre qui s'étend comme un ruban le long
du fleuve dont il porte le nom. Le cours d'eau, qui prend sa source
en Guinée, coupe littéralement le pays en deux avant de se jeter
dans l'Atlantique.
Du fait de sa
particularité géographique, les Gambie (pays et fleuve) scindent le
Sénégal et isolent la région de la Casamance du reste de son
pays, particulièrement de sa capitale Dakar, et créent une
situation d'enclavement propice à un manque d'investissement
gouvernemental et à une certaine insécurité. En Gambie, pour traverser le fleuve, la
nécessité d'emprunter des bacs aux
fréquences de passages aléatoires accentue encore cette rupture
Nord-Sud. Aucun pont ne permet la traversée des véhicules et les
bacs ne relient les deux rives qu'à deux endroits: entre Barra et
Banjul la capitale, et à Farafenni, ville carrefour où la longue
queue de véhicules qui attendent fait l'animation.
Héritée d'une aberration
coloniale, la frontière de la Gambie est une barrière géographique,
politique et linguistique. Depuis son indépendance et jusqu'à peu,
l'anglais était la langue officielle du pays ce qui compromettait
sérieusement une fusion logique avec le Sénégal francophone. Le
président de la Gambie, Yahya Jammeh, qui voit d'un mauvais œil la
période coloniale britannique, a sorti le pays du Commonwealth en
octobre 2013 en accusant l'ancien empire en ces termes « Ils
ont tué les éléphants et ont fini par vendre les Africains ».
Cette année, pour une raison à peu près semblable, l'anglais en
tant que langue officielle a été remplacé par l'arabe, langue de
la religion majoritaire.
Yahya Jammeh est connu
pour son originalité, son homophobie et son intolérance. En 2009
pendant un discours télévisé il disait à son peuple : « Si
vous pensez que vous pouvez collaborer avec les prétendues
organisations des droits de l’homme et vous en sortir comme ça,
vous devez vivre dans un monde de rêves. Je vais vous tuer et rien
d’autre ne va se passer. ».
Deux années auparavant,
il avait déclaré être en pouvoir de guérir le sida grâce à un
traitement à base d'herbes médicinales enduites sur le corps du
malade accompagnées d'un récital de versets coraniques. Ses
ministres en firent l’expérience avant de se déclarer convaincus.
L'efficacité d'un tel
traitement n'est à l'heure actuelle pas prouvée, mais on trouve en
Gambie un excellent remède au vague à l'âme :
Autre personnalité gambienne controversée, Fatou Bensouda, l'actuelle procureure de la
Cour pénale internationale (CPI), tribunal chargé de juger à
travers le monde les auteurs de génocide ou de crime de guerre. Sa
prise de fonction a déclenché de nombreuses critiques en Afrique où
l'on reproche à l'institution de servir les intérêts des
occidentaux. Les enquêtes menées par la CPI sont avant tout
politique et ne touche que des pays africains. Elles sont dirigées notamment
par la France et l'Angleterre, les anciennes puissances
colonisatrices qui avec l'Allemagne et le Japon assurent à eux seuls
la moitié des financement de la CPI. D'autres acteurs
majeurs tels que les États-Unis, la Chine et la Russie exerce une forte influence sur cette institution bien qu'ils n'en fassent pas partie. Si l’élection en 2012 d'une
gambienne fait croître le mirage d'une influence africaine dans le
tribunal, elle est assimilée à une forme de trahison dans l'esprit
de nombreux africains.
On pourrait donc conclure
que la Gambie, de part ses personnalités politiques, abrite de
drôles d'oiseaux. C'est le cas et, outre une population joyeuse et
accueillante, on peut y observer, si toutefois on y est sensible, une
avifaune abondante qui trouve refuge dans ce petit pays idéalement
placé sur le chemin de la migration entre l'Europe et l'Afrique
subsaharienne.
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